Depuis le 1er janvier 2025, la fin des contenants en plastique alimentaire en crèche est devenue une réalité, marquant une étape importante vers une alimentation plus sûre et respectueuse de l’environnement. Cette mesure, issue de la loi Egalim (née des Etats Généraux de l’Alimentation en 2018) et renforcée par la loi Climat et Résilience de 2021, impose de nouvelles pratiques aux établissements d’accueil des jeunes enfants. Mais alors, quelles alternatives adopter ?
Pourquoi la fin du plastique alimentaire en crèche ?
L’interdiction de l’utilisation de contenants alimentaires en plastique pour la cuisson, le réchauffage ou le service a deux objectifs majeurs :
Protéger la santé des enfants :
Les plastiques alimentaires contiennent souvent des substances chimiques telles que les phtalates, reconnues comme perturbateurs endocriniens. Ces substances peuvent migrer dans les aliments et être liées à diverses pathologies comme l’asthme, le diabète de type 2, le TDAH ou les cancers. Bien que le Bisphénol A ait été interdit en 2015, d'autres composés comme le Bisphénol S ou F restent présents et soulèvent des inquiétudes.
Pour la petite histoire, le Bisphénol est un dérivé d’œstrogènes initialement prévu pour la pilule contraceptive avant d’être utilisé dans les plastiques pour ses propriétés solidifiantes. On comprend mieux son impact sur la fertilité...
Réduire l’impact environnemental :
Le plastique est une matière non durable dont la production et la fin de vie génèrent une pollution significative. En crèche, le remplacement des plastiques par des matières inertes et recyclables contribue à une gestion plus responsable des ressources.
Donner la priorité à des matériaux durables permet à la fois de limiter les déchets plastiques et de favoriser des pratiques moins polluantes.
Quelles alternatives pour remplacer les contenants en plastique ?
Avec cette interdiction des contenants alimentaires en plastique, les établissements doivent s’orienter vers des matériaux inertes, plus respectueux de la santé et de l’environnement. Voici un tour d’horizon des solutions disponibles :
Le verre trempé :
Avantages : C’est un matériau très résistant qui ne peut être cassé qu’en petits morceaux non coupants. Il est compatible avec le lave-vaisselle et parfois avec le four (selon indications du fabricant). Sa fabrication peut être française. Le verre est lourd, ce qui est bien un avantage pour la prise en main et la maîtrise du geste de l’enfant.
Inconvénients : Il est difficilement recyclable.
Usage recommandé : Idéal pour les biberons et la vaisselle.
L’inox :
Avantages : Incassable, recyclable et fabriqué en partie à partir de matériaux recyclés, l’inox a une grande durée de vie et il est compatible avec le lave-vaisselle et le four.
Inconvénients : La fabrication reste asiatique, malgré des mentions trompeuses qui tentent de nous faire croire le contraire (« designé en France », ou « conçu en France » par exemple).
Usage recommandé : Parfait pour les plats de service et certains ustensiles comme les couverts.
Quels matériaux éviter ?
L’usage de certains matériaux pour remplacer les plastiques alimentaires peut présenter des risques pour la santé ou l’environnement :
Le silicone : Bien qu’obtenu à partir de silicium naturel, sa transformation chimique inclut des éléments qui le rendent ni biodégradable ni recyclable. Il peut être douteux à haute température et sa qualité est variable et difficile à évaluer.
La mélamine : Il s’agit d’une matière plastique, donc interdite. Elle libère des substances toxiques, en particulier au contact d’aliments chaud.
Le bambou : Souvent combiné à de la mélamine pour coller les fibres, ce matériau, longtemps vendu comme l'alternative parfaite au plastique, peut générer des migrations de formaldéhyde encore plus importantes que la mélamine pure. La DGCCRF a rappelé dans une note de 2021 les risques liés à ces produits.
Les matières biosourcées : Leur composition reste floue (on peut lire par exemple « 90 % de matières végétales », mais quid des 10 % restants ?).
Quelques conseils pratiques
Que faire de la vaisselle plastique existante ?
La transition écologique ne doit pas encourager le gaspillage. Les contenants en plastique encore en bon état peuvent être réutilisés pour des activités hors alimentation, comme les jeux de dinette ou les transvasements. En revanche, ceux présentant des fissures, rayures, décolorations, colorations ou odeurs doivent être jetés.
Attention à l’eau en bouteille
L’eau en bouteille, souvent exposée à de fortes températures lors du stockage, peut favoriser la migration des substances plastiques. Privilégiez l’eau du robinet, qui reste la mieux contrôlée et qui est recommandée par Santé publique France y compris pour la préparation des biberons.
Informez-vous sur les éventuelles dérogations
Des exceptions pourraient être accordées dans les semaines à venir pour certains équipements spécifiques, comme les bagues de serrage des biberons pour lesquels il n’existe à ce jour pas d’alternative.
En conclusion
La fin de la vaisselle en plastique alimentaire en crèche est une étape essentielle pour protéger la santé des enfants et réduire notre impact environnemental. Les alternatives comme le verre trempé et l’inox offrent des solutions durables et fiables. Cette transition n’est pas seulement une obligation légale, mais une opportunité de réinventer nos pratiques en faveur d’un avenir plus sain et plus écologique.
Je suis Nathalie Bouhey, formatrice et consultante en transition écologique et développement durable pour les lieux d’accueil de jeunes enfants. Si vous souhaitez mettre en place un projet autour de ces thématiques, contactez-moi, je serais ravie d’échanger avec vous !